Parti des Travailleurs Sections de Cergy et d’Eragny
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Déclaration du Bureau national du Parti des travailleurs
Le 7 mai, 19 heures
jeudi 10 mai 2007
par Section
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Un programme résolument anti-ouvrier : ainsi se présente le calendrier des premières mesures annoncées par le président de la République élu le 6 mai.

Citons notamment :

  • Le financement des heures supplémentaires par une totale exonération de cotisations sociales (« patronales » et salariales). Il s’agit d’un nouveau pillage du salaire différé qui appartient aux travailleurs, s’ajoutant aux 175 milliards d’euros d’exonérations dont ont bénéficié les patrons depuis 1992. Le journal La Tribune (7 mai) annonce de nouvelles « mesures de déremboursement (de médicaments et de soins) », la Commission européenne exigeant une « rationalisation de la consommation pharmaceutique. »
  • La remise en cause de tous les régimes de retraite, à commencer par les régimes spéciaux. Bruxelles exige « des réformes d’envergure » citant en exemple le Danemark où « l’âge de la retraite va passer de 65 à 67 ans ».
  • La mise en place d’un « contrat unique » de travail – en fait un CDD généralisé - la commission de Bruxelles exigeant dans son « Livre Vert » de « favoriser une flexibilité accrue ».
  • La remise en cause du droit de grève dans les transports publics, les organisations syndicales étant sommées d’en définir elles-mêmes les modalités avant septembre !
  • La poursuite et l’amplification des plans de suppressions d’emplois : sont annoncées 4800 suppressions à PSA dès le 9 mai, 30 000 dans l’automobile dans les trois prochaines années. Pour la Commission européenne, il faut « faciliter les délocalisations » !
  • Dans la fonction publique d’Etat, le non remplacement d’un départ sur deux à la retraite, soit près de 200 000 suppressions de postes en cinq ans ! Une exigence qui découle directement du traité de Maastricht et du pacte de stabilité.

C’est un fait : ce programme anti-ouvrier est dicté par l’Union européenne.

Ses dirigeants s’en félicitent par avance. Romano Prodi, chef du gouvernement italien et ancien président de la commission européenne a salué le « travail commun en Europe » avec Nicolas Sarkozy. L’actuel président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, lui exprime sa « confiance » pour « exercer un rôle moteur dans la résolution de la question institutionnelle », autrement dit, pour remettre sur le tapis le projet de « Constitution » européenne rejetée par les peuples français et néerlandais.

Quant à G. Bush, l’un des premiers à féliciter Sarkozy, il compte sur lui « pour rétablir avec la France une relation privilégiée » relève l’AFP. Ces félicitations ont une signification bien précise : dans le monde entier, les responsables du régime décomposé fondé sur la propriété privée des moyens de production expriment leur espoir de voir le nouveau président porter à la classe ouvrière française les coups les plus rudes, ceux-là mêmes contre lesquels depuis des années et des années elle ne cesse de se dresser et d’agir avec ses organisations.

Comment en est-on arrivé là ?

Cette situation est totalement contradictoire au vote exprimé il y a moins de deux ans, le 29 mai 2005. La responsabilité de cette contradiction ne repose-t-elle pas sur les dirigeants des partis de « gauche » - et au premier chef du parti socialiste – qui ont choisi de mener campagne, non pour prendre en charge ce vote non, mais à l’inverse, pour la soumission aux diktats de l’Union européenne ? Ne se sont-ils pas ainsi situés sur le même terrain que leur adversaire ? N’ont-ils pas, de ce fait, créé eux-mêmes les conditions de la victoire de Sarkozy ?

Une situation difficile s’ouvre pour la classe ouvrière et la jeunesse. Dès le soir de l’élection, les appels se sont multipliés pour avancer dans le sens des « grandes coalitions » recommandées par l’Union européenne pour mettre en œuvre sa politique.

Conseiller politique de Sarkozy, François Fillon a souhaité que le futur gouvernement comprenne « des représentants du centre (…) et un certain nombre d’hommes et de femmes de gauche ». Patrick Devedjian, autre conseiller, a lancé à Jean-Marc Ayrault, président du groupe du PS à l’Assemblée nationale : « On vous tend la main. Nous souhaitons changer les choses avec vous », proposant au PS de présider la commission des Finances à l’Assemblée nationale.

A quoi le porte-parole de Ségolène Royal, Arnaud Montebourg, répond : « Le président Sarkozy aura besoin de tous les Français, y compris de la gauche »

« On ne va pas rester cinq ans avec une France coupée en deux » approuve Marielle de Sarnez, vice-présidente de l’UDF, le parti de Bayrou. Certes, les institutions bonapartistes de la Ve République, qui réduisent à peau de chagrin le rôle des partis politiques et du Parlement, ne sont pas adaptées à former des « grandes coalitions », que ce soit dans la configuration allemande (gouvernement CDU-CSU-SPD, dont l’équivalent en France serait un gouvernement UMP-PS) ou italienne (dont l’équivalent en France serait un gouvernement allant de Bayrou à Besancenot, en passant par le PS, le PC, les Verts, etc.)

Et cela d’autant moins que les résultats de l’élection présidentielle accélèrent les processus d’implosion de tous les partis politiques, de manière immédiate pour certains, et différée pour d’autres.

Mais il est un point sur lequel convergent la nature antidémocratique des institutions de la Ve République et la nature antidémocratique des institutions de l’Union européenne : l’impérieuse nécessité d’intégrer les organisations syndicales.

Mardi 8 mai, Claude Guéant, responsable de la campagne de Sarkozy, répond en ces termes aux dirigeants syndicaux qui s’inquiétaient des intentions du nouveau président au sujet du droit de grève et des régimes spéciaux de retraite : « Je vois mal que les syndicats puissent aller contre l’avis du peuple (…) Je rappelle que les syndicats auxquels Nicolas Sarkozy souhaite réserver une grande place dans la refondation des instruments de notre démocratie sociale ne représentent que 8% des salariés. »

Pressenti comme futur Premier ministre, François Fillon déclarait une semaine plus tôt : « Il ne faut pas qu’elles (les organisations syndicales – NDR) s’imaginent que le lendemain du scrutin tout repart comme avant », car Sarkozy entend « leur confier plus de responsabilités pour peu qu’elles épousent les évolutions de la société française. »

Tous les travailleurs l’auront compris : la « démocratie sociale » du nouveau président signifie reconnaître la fameuse « représentativité syndicale »… aux organisations qui accepteraient, le petit doigt sur la couture du pantalon, de mettre en œuvre les décisions contre le droit de grève et les retraites !

Intégration des organisations syndicales ou indépendance des organisations syndicales : cette question va se trouver au centre de la situation des prochaines semaines. A travers elle, c’est la démocratie qui est en jeu. Car, faut-il le rappeler, la démocratie c’est d’abord la reconnaissance que nous vivons dans une société traversée par des intérêts sociaux contradictoires. La démocratie c’est d’abord le droit des salariés à disposer de leurs propres organisations pour défendre leurs intérêts particuliers.

Dans cette situation difficile, le Bureau national du Parti des travailleurs approuve la déclaration commune de Gérard Schivardi et Daniel Gluckstein faite au soir du deuxième tour.

La reconstruction d’un authentique parti ouvrier devient aujourd’hui une condition essentielle pour la reconstruction du pays lui-même, la reconstruction nécessaire de l’industrie et d’une agriculture à la hauteur des besoins du pays, la reconquête de tous les droits et garanties, des services publics détruits, de la laïcité, de la sécurité sociale et de l’école publique.

Au moment où tous s’accordent pour remettre à l’ordre du jour un nouveau traité européen, rejeté par le peuple le 29 mai 2005, il s’agit de défendre la République et la démocratie qui sont en danger. A cet effet, la reconstruction d’un authentique parti ouvrier exige plus que jamais la rupture avec l’Union européenne.

Elle exige plus que jamais le combat pour l’Assemblée constituante souveraine par laquelle les délégués du peuple souverain définiront eux-mêmes la forme et le contenu de la démocratie.

Elle exige de reconnaître que nous sommes dans une société où les exploités ont des intérêts différents des exploiteurs, et qu’ils ont acquis par une lutte acharnée le droit de disposer d’organisations indépendantes pour les défendre.

Elle exige donc de se situer sur le terrain de classe. Ce qui pose au plan syndical la question de l’indépendance des organisations. Et ce qui, au plan politique, pose le problème de l’indépendance du parti ouvrier. C’est pourquoi le Bureau national du Parti des travailleurs considère que la discussion ouverte sur la proposition de constituer un nouveau parti ouvrier, rassemblant, dans le respect de leur diversité, tous les courants authentiques du mouvement ouvrier, répond à un besoin majeur de toute la situation.

Le Bureau national appelle toutes les sections et fédérations à inscrire résolument leur activité politique des prochaines semaines, y compris la présentation de candidats aux élections législatives, dans cette perspective dont dépend très largement l’avenir de notre pays.